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L’art du planning

Nous avions déjà évoqué la difficulté pour le chômeur de se repérer dans le temps, et on peut y remédier d’une nouvelle manière : en tenant un planning. On ne va non plus établir un liste hyper pompeuse de nos objectifs inatteignables, comme « 28 juin : avoir trouvé un emploi », ou encore « 15 juillet : penser à investir dans l’immobilier vu que j’aurais certainement trouvé un CDI ».

Non ; l’art du planning pour le chômeur consiste simplement à imprimer un petit calendrier du mois en cours, l’accrocher à côté du bureau (ou le canapé, bref, l’endroit où vous passez le plus de temps), le remplir des choses à faire (et s’y tenir, c’est le plus compliqué) et barrer les jours au fur et à mesure. Le planning peut également servir de référent à votre moitié qui s’étonnerait de vos sorties vu le vide de votre vie sociale : « quoi tu sors ce soir ? » (= tu sors ? mais pourtant, il ne se passe rien dans ta vie ), « oui je vais voir Dude, c’est écrit sur mon planning nom d’une pipe ».

Parce qu’on est sympas, voici quelques suggestions pour remplir votre planning de la semaine prochaine :

Lundi : Concentrer sur cette journée plusieurs trucs relous à faire hors de chez soi : de cette manière, on pourra se focaliser sur la recherche d’emplois le reste de la semaine. Par exemple : acheter un cadeau pour le prochain anniversaire qu’on a à fêter ; acheter une cartouche d’encre pour imprimer de nouveaux CV ; acheter des surimis car on sait plus quoi manger avec la mayonnaise…etc.

–  Mardi  : Aller au cinéma voir Le Grand Soir pour hurler avec Not votre haine du monde du travail. Et Poelvoorde (coulisses de la rédaction de ce post : je crois que j’ai mis au moins cinq bonnes minutes à écrire correctement son nom) en punk à chien dans un film de Delépine et Kervern, ça paraît tellement évident qu’on se demande pourquoi ça n’avait pas déjà été fait.

Mercredi : Faire le tour des sites d’offres d’emploi. Et, alors que vous êtes dans un état second, poussé par l’envie de tout foutre en l’air provoquée par Le Grand Soir, vous finissez par postuler pour un job d’assistant de magicien.

Jeudi : Appeler la banque pour leur dire d’arrêter de nous crier dessus par courrier, notre compte en banque va bientôt se refaire une santé grâce aux indemnités chômage, au RSA ou aux dons d’un mécène bien inspiré (= maman).

Vendredi : Soirée prime Secret Story Apéro avec Dude (Et Dude est chaud comme la braise pour se mettre minable, ayant supporté toute la semaine ses collègues bizarres ; quoi j’ai pas compris le dernier mot, « collègue » ? ‘connais pas)

Samedi : Après avoir cuvé (ah, ce Dude, quel joyeux luron), on peut éventuellement se traîner rapidement vers la bibliothèque municipale afin de rendre nos livres trois semaines en retard et que, de surcroît, on a pas lus (par contre, des analyses de la bourde de Miss Trierweiler, ça, on en a lues).

Dimanche : Eh, le chômeur a lui aussi droit à un jour de repos, qu’est-ce que vous croyez ?

/Fausta Floyd/

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Les Rencontres Nos Quartiers ont des Talents

À partir du moment où vous serez inscrit sur la liste des chômeurs, votre ami Paul Emploi vous proposera régulièrement via mail/téléphone/courrier/pigeon voyageur de participer à des conférences, rencontres d’employeurs et autres forums pour l’emploi. Dans un premier temps, on y participe volontiers, tout d’abord parce qu’on croit sincèrement qu’on va y trouver du taf, et également pour faire bonne figure auprès de Paul.

C’est dans cet esprit que nous avons participé aux Rencontres Nationales « Nos Quartiers Ont Des Talents  » au mois de décembre 2011. Mais c’est quoi, au juste, les Rencontres « Nos Quartiers ont Des Talents » ?

En théorie : L’association Nos Quartiers Ont Des Talents (NQODT) facilite le contact entre les jeunes diplômés et les entreprises, notamment par le parrainage. Pour la deuxième fois, l’association a organisé une rencontre nationale au Carrousel du Louvre au mois de décembre 2011, mettant en place des espaces de rencontre entre les jeunes diplômés et les services de ressources humaines des entreprises partenaires (Lagardère, SNCF, Carrefour, L’Oréal, Disney…).

En pratique : Imaginez des dizaines de personnes qui crèvent la dalle depuis deux jours. On les met tous dans la même pièce en leur disant qu’on y a caché une barquette de frites mayonnaise. Et c’est parti.

Compter une heure d’attente devant le stand du groupe Lagardère. Pour finalement apprendre que Lagardère ne recherche que des profils marketing/communication, et comme nous, nous ne savons ni marketer, et encore moins communiquer, on nous a juste expliqué comment fonctionne le site Internet de recrutement du groupe (ce que nous savions déjà, hein, on est pas des brêles).

Autant dire que celui qui chope le mail d’une DRH ou qui parvient à laisser son cv à un stand entonne direct un We are the champions ému en courant dans la salle. En sueur. Et torse poil.

Comme tout le monde a rapidement compris que tout cela n’était qu’une vaste fumisterie (ou, plus exactement, que les entreprises présentes étaient simplement venues se faire de la publicité), tous les regards se sont tournés vers le tirage au sort désignant le gagnant d’un Ipad (on avait vraiment la dalle, je vous le répète).

La bave aux lèvres, les yeux exorbités, des dizaines de jeunes diplômés, leur vingtaine de cv à la main, se sont amassés devant la boîte transparente contenant le nom du gagnant. Et la salle s’est vidée une fois le tirage au sort terminé.

Nous tenons à préciser que cet article ne remet  pas en cause le travail fait par l’association NQODT. Leurs efforts méritent d’être souligné, puisqu’ils ont permis à des milliers de jeunes de trouver un emploi à la hauteur de leur qualifications. Nous sommes toutefois très fâchées de ne pas avoir trouvé d’emploi et, du coup, on doit à nouveau envisager de postuler à un poste de manutentionnaire chez Picard, et ça, ça fout la rage, parce qu’il fait froid chez Picard. Mais, après tout, peut-être pas, si le téléphone sonne demain.

/Fausta Floyd/

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